A MUR DE BARREZ EN CARLADES
C'est le premier lieu d'implantation des
Cadilhac en Rouergue. Ils y demeurèrent plus de trois siècles, essaimant
dans toute la région depuis Toulouse jusqu'au Larzac.
L'IMPLANTATION
En 1282, un certain Petrus
de Cadilhaco, homme d'armes et chevalier demeurant à Mur de Barrez, est
propriétaire d'une mine dite "de la combe rouge", dans un acte
établi par Petrus Faelli, notaire de la vicomté de Carlat. Ce Petrus était
le fils de Willelmus Arnaldus, soldat, propriétaire du château de Bilambit
en Guyenne (voir les premiers Cadillac). Il s'était probablement établi à
Mur de Barrrez à l'occasion de quelque excursion guerrière dans la région.
Il gardait de solides attaches en Aquitaine puisque son troisième fils Arnaldus
est en 1354 encore propriétaire à Vayrac et chapelain du château de
Cadillac sur Garonne. Ses deux autres fils sont par contre feudataires du
Carladès : l'aîné, Guillelmo épousa, en 1329, Nobelle de Cayrac ;
le cadet, Adhémar, "notaire du château de Mur de Barrez et de
toute la vicomté du Carladès" en 1354 eut trois fils de sa femme,
Jeanne de Mayrinhac. Des deux derniers, Petrus et Amblardus,
nous ne savons presque rien: ils étaient feudataires et hommes d'armes du
Carladès. Le premier, Johannes épousa Aloysia d'Alzac, et succéda à
son père dans sa charge de notaire. La vocation des aînés de la famille
dans le domaine du droit et de la justice est ainsi affirmée et se confortera
avec les générations suivantes. Les cadets, eux, suivront la carrière des
armes.
Le fils de Johannes, Jean,
sera juge du Carladès en 1392. Sa femme Isabelle de la Caze (Les la Caze sont
co-seigneurs de Mur de Barrez) lui donnera Adhémar ou Aymard, juge et
garde-scel du Carladès en 1411. Cet Aymard épousera Jeanne de Vigouroux dont
le père, Jean, est seigneur de Yéguettes. C'est très probablement cette
dernière qui achète ou fait construire à Mur, au début des années 1400,
la "maison Cadilhac"
LE CARLADÈS
C'est un territoire de l'ancienne Haute Auvergne à la limite de
l'Aquitaine et du Languedoc. Il devait son nom au château de Carlat mais sa
capitale était Vic en Carladès (actuellement Vic sur Cèze) et la ville
principale Mur de Barrez. Les seigneurs de Carlat remontent au XIe siècle.
Ils achetèrent le comté de Rodez à Alphonse Ier d'Aragon en 1157 et
conservèrent Carlat jusqu'en 1296. La vicomté passa alors à la maison de
Pons puis au gouverneur du Languedoc, Jean duc de Berry qui la vendit en 1386
à la maison d'Armagnac. Revenu à la couronne, elle fut cédé par Louis XIII
à Honoré II de Grimaldi, prince de Monaco, qui la conserva jusqu'à la
révolution. Ainsi s'explique l'importance des archives du Carlades qui
échappèrent aux destruction de la révolution car conservées à Monaco.
L'administration du Carlades diffère peu des celle des autres territoires
français au XIIIe siècle. La région appartient au Vicomte qui dépend d'un
suzerain variable au cours des siècles, suivant les aléas des guerres ou des
traités : Comte de Toulouse, Roi de France, Roi d'Aragon, Roi d'Angleterre.
Le Bailly et le Juge se partagent les attributions de justice, de police et
d'administration. Au dessous se trouvent des Bayles locaux.
Le Bailly est choisi parmi les nobles. Il est le chef de tous les offices
de la Vicomté. Il est investi d'une triple autorité militaire, financière
et de justice (cette dernière avec l'assistance du Juge)
Le Garde Scel a une charge instituée en 1293 par le comte Henri II de
Rodez pour assurer juridiquement l'authenticité des actes et la rapidité d'exécution
des contrats. Il a deux chancelleries : l'une en charge du sceau de la cour de
Rodez, l'autre du sceau de la cour du Carladès. De plus, le Garde Scel a une
fonction notariale
Les Juges ont les fonctions de justice proprement dites. On distingue les
juges d'instance et les juges d'appeaux (ou d'appel). Le Juge du Carladès est
celui qui assiste le Bailly dans ses décisions
Les Cadilhac, tous feudataires( qui possédaient
un fief et prêtaient donc hommage au suzerain) du Carladès,
occupaient souvent et simultanément les fonctions de Juge, Garde Scel et
Notaire. On trouve leurs signatures sur de nombreux actes soit privés soit
officiels.
L'APOGÉE
Aymard
et Jeanne de Vigouroux eurent deux fils. Du cadet, Jean, nous savons
peu de choses. Il fit une carrière militaire et il est plusieurs fois
mentionné comme "homme d'armes sous les ordres du capitaine Charles de
Valp". L'aîné, Pierre, feudataire du Carladès, est qualifié
"d'homme de haute sagesse et d'intégrité absolue". Ce qui est bien
le moins pour un notaire, conseiller de la châtellenie, consul de Mur de
Barrez en 1411, juge et garde scel du Carladès en 1417. Il acquiert à son
grand père, Jean de Vigouroux, la seigneurie de Yéguettes. Il mourut à plus
de 80 ans, probablement en 1456. Sa femme Louise de Solatges, lui donna cinq
enfants.
Nous ne
connaissons rien de sa fille Jeanne, mais les quatre garçons ont laissé de
nombreuses traces. Le troisième, Pierre, est, en 1450, maître en finances et
notaire, en même temps qu'écuyer de la l'écurie du Roi. Le benjamin, Jean, avait épousé sa belle
sœur, Anne de Mayrinhac et possédait de
nombreuses propriétés aux alentours de Mur. Il ne semble pas avoir eu de
descendance. Les deux autres ont beaucoup fait parler d'eux.
Le
cadet, Guillaume, bachelier en droit civil et canonique est Juge et Garde Scel
du Carladès en 1462. Il habite avec sa femme, Jeanne de Valon, la belle
maison de la grand rue qu'il a hérité de son père tandis que le domaine de
Yéguettes est revenu à Adhémar. C'est dans cette maison qu'il reçoit, dans
les premiers jours de novembre 1462, son suzerain Jacques d'Armagnac, duc de
Nemours, âgé de 25 ans. Il vient d'épouser le 12 juin précédent, une amie
d'enfance, Jeanne d'Anjou, cousine de Louis XI et tient à lui présenter ses
domaines. Il habite au château de Carlat, vétuste et en assez pieux état.
Nul doute qu'il préfère la vaste maison confortable de Guillaume. C'est un
événement majeur pour tous les habitants de Mur. Malgré les froideurs de
l'hiver qui s'annoncent et qui obligeront le duc et la duchesse,
alors enceinte, à quitter prématurément le Carladès pour se réfugier plus
au sud, à Lambez, on organise des fêtes où toute la noblesse du coin se
fait un devoir et un plaisir de participer. Pour Guillaume et sa famille,
c'est un honneur insigne mais qui lui vaudra plus tard quelques ennuis. En
effet, dans les années suivantes, Jacques d'Armagnac complote avec tous les
grands féodaux du temps (Ligue du Bien Public) et même avec le Roi
d'Angleterre. Louis XI en est fort irrité et décide de le soumettre. Jacques
se réfugie sur ses terres. Louis XI l'y fait poursuivre. Le 9 février 1476,
l'armée royale commandée par Urfé met le siège devant Carlat. Dès lors,
la pièce est jouée. Nemours n'a pas les moyens de résister. Après la mort
de sa femme en couches, à la naissance de sa sixième fille, il fait sa
soumission, le 9 mars, au gendre du Roi, Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu.
Guillaume recevra ses aveux et déposera à son procès. Il sera même
soupçonné de connivence. Ne l'a-t-il pas reçu personnellement sous son toit
? Heureusement, tout finira par s'arranger et, après l'exécution de
d'Armagnac pour lèse-majesté le 4 août 1477, à Paris, nul ne tiendra
rigueur aux Cadilhac de cet épisode. Les 30 et 31 octobre 1480, avec son
frère, il prête l'hommage au représentant du Roi, Jean de Blosset, Grand
Sénéchal de Normandie qui confirme les Cadilhac dans toutes leurs charges et
fonctions. Il eut un fils Raymond qui lui
succéda et un petit fils, Guillaume, homme d'arme de la compagnie
d'ordonnance, qui épousa en 1516 Florence de Solatges du diocèse de Vabres.
Le hameau de Cadillac à Murols
non loin de Mur de Barrez
L'aîné, Adhémar,
naît à Mur de Barrez aux environs de 1420. Notaire, héritier et
continuateur de l'office paternel, il épouse noble dame Agnès de Mayrinhac,
richement dotée. Tout au long de sa vie, il accroît son patrimoine qui
devient considérable : Il a des domaines, fermes, maisons, non seulement à
Mur mais aussi dans les environs (Yéguettes, Caylus, Senholac, La Croix
Barrez, Murols) et jusqu'au diocèse de St Flour (Ronsac, Muret). C'est un des
feudataires les plus importants du pays. A l'occasion, il est "preux
homme de guerre" à la tête de ses vassaux et de la noblesse régionale,
ce qui lui vaut d'être nommé en 1482 chevalier et Bailly, soit la plus
haute fonction de la vicomté. Il fut aussi investi d'une commanderie de
l'Ordre Hospitalier de St Antoine. Il meurt à Mur aux alentours de 1490. On
lui connaît deux fils : Pierre, l'aîné, feudataire du Carladès, succédera
à son père et sera, en 1523, Juge et Garde Scel ; le second, Jean, bachelier
en droit civil et canonique à Toulouse épousera Antoinette de St Germain.
C'est l'ancêtre de la branche toulousaine de la famille